Jean Daniel Vuillermoz et la comédie musicale
- cerpcos
- 14 août
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Dernière mise à jour : 1 oct.

Jean Daniel Vuillermoz, est multi-récompensé au théâtre, au cinéma et compte cinq nominations aux Trophées de la Comédie Musicale, qu’il a remportées à trois reprises : pour Oliver Twist, Molière, L’opéra Urbain, et, tout récemment, Les Misérables. Pour cette dernière production, il a également reçu le prix de la Meilleure Scénographie du Syndicat Professionnel de la Critique 2024-2025 Nous lui avons demandé la façon dont il naviguait entre théâtre, cinéma, séries et opéra jusque la comédie musicale. On voit que l’approche du genre alors peu connu en France bien que très populaire dans les pays anglo-saxon « depuis toujours » se fait progressivement et remporte un succès qui va s’affirmant dans le dernier quart du XXe siècle. Jean Daniel Vuillermoz raconte.
« C’est un choix non délibéré, une situation qui tient à la fois du hasard, des rencontres et des atomes crochus. J’ai commencé avec Les enfants du Soleil d’ Alexandre Arcadi grâce à un scénographe Charlie Mangel qui avait travaillé avec moi sur plusieurs productions de théâtre.
Puis j’ai enchainé avec une opérette des années 1930 produite par Olivier Mine pour la télévision, Trois Jeunes Filles Nues. La problématique est proche entre les deux lorsqu’on fait des costumes car il s’agit de ne pas oublier que les comédiennes et comédiens chantent et dansent, il y a donc des contraintes particulières.
Ensuite il y a eu Robin des Bois avec en vedette M. Pokora en 2013.
Les comédies musicales sont toujours proposées dans des salles immenses, cela va avoir une implication dans la création de costumes et les lumières vont aussi avoir un rôle très important en lien avec la distance.
J’ai travaillé avec Christophe Baratier pour la comédie musicale Les Choristes (2017) d'après le film qu’il a réalisé et c’est aussi avec lui que nous avons créé Jésus de Nazareth à Jérusalem, de Pascal Obispo suite des Dix Commandements. »


Entre temps, ne l’oublions pas, il continue à travailler aussi pour le cinéma et le théâtre, l’opéra. (Carmen et Hyppolite et Aricie à l’Opéra de Paris). Si on rajoute Oliver Twist de Shay Alon & Christopher Delarue Les Souliers Rouges de Marc Lavoine, Résiste de France Gall, Molière, l’opéra urbain, de Dove Attia et maintenant Les Misérables, il a créé les costumes de dix comédies musicales et une prochaine encore top secret est à prévoir en 2026. Jean Daniel est à considérer comme un spécialiste du genre.
Les Misérables, d’après l’œuvre de Victor Hugo est la comédie musicale la plus jouée dans le monde. Proposée au théâtre du Châtelet en 2024-2025 dans une mise en scène de Ladislas Chollat, elle a de nouveau fait salle comble.
Inventer les costumes de comédies musicales
C’est déjà un travail de collaboration avec le metteur en scène et la scénographe et la création lumière.
« Pour créer et fabriquer les costumes de comédies musicales, il faut penser à des costumes pérennes en sachant qu’il y a une quantité importante et qu’une ou des tournées sont à prévoir en France et à l’étranger. En moyenne il y a entre 200 et 300 costumes pour une production comme celle-ci. Par ailleurs, il faut avoir une approche globale, une vision complète scène/musique /danse où le spectateur doit reconnaître les rôles. Il faut donc qu’il y ait des codes et s’appuyer sur eux. Ma connaissance des opéras m’a bien servie. Il faut en permanence s’adapter à la demande en puisant dans sa propre expérience et ses connaissances.
Pour Les Misérables, c’est l’époque historique 1815-1830 qui est convoquée.




Ma démarche
« Je monte le plus souvent des ateliers volants, à moins que le théâtre en question ait un atelier, ce qui est le cas au Théâtre du Châtelet.
De toute façon le budget qu’on m’alloue englobe la totalité des besoins : de l’embauche de l’équipe à l’achat des matériaux.

Être présent en permanence
Il faut être présent en permanence surtout pendant les répétitions car le chorégraphe et le metteur en scène n’ont pas le temps, donc s’il y a un accessoire qui ne fonctionne pas du premier coup et que tu n’es pas là pour défendre ce qui a été prévu, c’est supprimé. Je te donne un exemple : dans Molière, il y avait des masques "face à main" que les danseurs devaient tenir. pour la scène de Les Précieuses Ridicules. Il a fallu que j’insiste pour que le chorégraphe les intègre dans la danse ! Il faut croiser le fer pour y arriver… Dans le spectacle vivant en général on peut tout te sucrer si tu n’es pas là.


Nouvelles contraintes techniques
Les éclairages LED ont changé la donne : ils aplatissent les volumes et réduisent les contrastes. Il faut donc accentuer encore plus les patines. J’avais imaginé des masques sérigraphiés représentant des personnages sortant de terre ; l’effet n’a pas fonctionné car la lumière n’était pas frontale.J’ai dû me battre pour garder les chapeaux. La lumière venant du haut, leurs bords faisaient de l’ombre sur les yeux des comédiens. Les femmes comme les hommes en portaient à l’époque, c’était donc indispensable historiquement et dramatiquement. Pour un grand nombre, j’ai utilisé du tissu ajouré afin de limiter les ombres. Avec le maquillage et les patines également lissés par la lumière, il faut toujours en faire plus pour que le public perçoive le relief. »




J’ai du imposer les chapeaux car la lumière tient bien compte des personnages en action mais pas des costumes qu’ils portent. Les femmes comme les hommes portent des chapeaux spécifiques à cette époque. Cela a été un combat de les garder comme pour les patines le maquillage est lissé. J’en ai donc utilisé du tissu ajouré pour un grand nombre.
On s’adapte aux évolutions comme ci où maquillage d’une part et patine d’autre part doivent être encore plus importants pour la réception des spectateurs.


Pour citer cet article : JD Vuillermoz et la comédie musicale, S.Perault CERPCOS 0925















Toujours interessant de lire le travail des collègues...