La robe Qipao chinoise et le film In the Mood for Love de Wong Kar-wai
- cerpcos
- 5 oct.
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Par Na Li sous la direction de Sylvie Perault (extraits)
Le film In the Mood for Love (Fa yeung nin wa, Hongkong, 2000) réalisé par Wong Kar-wai avec Maggie Cheung et Tony Leung Chiu Wai, a connu un grand succès et Tony Leung chiu-wai a gagné le prix d’interprétation masculine au festival de Cannes 2000. Le film a également reçu le prix de la Commission Supérieure Technique.

Il aborde une histoire d’amour dans une perspective innovante. En s’appuyant sur une ambiance délicate et des détails esthétiques forts, le long métrage propose de manière approfondie la contradiction entre la moralité et les sentiments, le conflit entre la culture traditionnelle et la culture coloniale dans les années 1960 en Chine et in fine, la complexité et la subtilité des relations humaine. L’histoire d’amour entre Chow et Su qui s’aiment et se désirent mais qui n’osent pas franchir le pas, raconte les articulations extrêmement compliquées entre la société dans laquelle ils vivent et la moralité qui les enferment. Dans une ambiance esthétique spécifique tant par l’image, les lumières et le son qui accompagnent et illustrent la relation entre Chow Mo-wan et Su Li-zhen . Les costumes créés par William Chang (en chinois 张叔平 / Zhang Shu Ping) sont de véritables métaphores qui définissent les personnages : à l’occidentale et raffinés pour Chow Mo-wan, une série de 26 Qipaos variés pour Su Li-zhen lesquels reflètent également leur monde intérieur et leurs émotions.
La robe Quipao au XXe siècle
Issue d’une longue tradition impériale le Quipao est d’abord une longue tunique mixte avant de devenir un vêtement exclusivement féminin, il témoigne d’une longue tradition qui se développe à la cour royale avant d’être adopté par les populations. Les formes varient en fonction de la dynastie. Mais pendant plus de 250 ans, la silhouette de base évolue très peu. Les nobles et le peuple partageaient cette dernière : les différences de hiérarchie résidaient dans les choix de tissus, les couleurs et les décorations. Dans la famille impériale et l’aristocratie, l’emploi de broderies raffinées et les fils d’or du Qipao étaient incomparables dans l’histoire du vêtement en Chine. Les broderies pouvaient occuper 70% de surface du Qipao.
La Révolution de 1911 supprime la dynastie impériale. La République est fondée et la société chinoise change radicalement. Les hommes chinois coupent la tresse (ce qui était considéré comme une trahison et le non-respect des parents). Les couleurs des vêtements changent n’exprime plus la place hiérarchique de celles et ceux qui le portent. Cette révolution a créé des conditions pour la naissance du Qipao moderne. Les années 1930 constituent l’âge d’or du Qipao moderne qui a atteint une sorte de perfection et il devient une sorte de représentant des vêtements féminins chinois. Il devient une forme classique et toutes les modifications n’existent que dans les détails (longueur, de largeur ou de décoration). le Qipao, connu par le monde entier, est appelé ‘Chinese dress’ en anglais, robe chinoise en français.[…]

Le film In the Mood for love, joue sur la nostalgie grâce à une sorte de proposition poétique d’une décennie rêvée : les années 1960. Les personnages vivent dans cette ambiance, ils se sont rencontrés, ils se sont ratés, ils ont des relations ambiguës, ils sont tombés amoureux, ils sont déprimés, ils sont mélancoliques, ils se sont démenés.
Avec une démonstration subtile de détails, les ont l’impression que l’histoire se déroule vraiment lors de cette décennie et qu’il s’agit d’une histoire véritable. La série de Qipao portée par Maggie Zhang illumine l’écran, même dans une petite chambre, dans une rue sombre, l’allure et le charme de Zhang est touchant.

Ses Qipaos très colorés et sublimes soulignent le charme de l’héroïne, mais ils expriment également sa solitude au fond du cœur : à l’âge des fleurs, malgré sa beauté et sa jeunesse, il n’y avait pas des hommes à l’apprécier. Ainsi, sa vie est petit à petit perdue dans l’attente, la solitude et la mélancolie infinie. En même temps, le Qipao est une métaphore de la poursuite éternelle de la beauté et l’amour de l’héroïne. Comme on a su, si une femme ne s’occupe plus son apparence et ses détails, elle a abandonné sa poursuite de l’amour.
Comme l’écrivain Zhang Ai-ling a dit : le vêtement est une langue, il est aussi un micro-drame porté par la personne. Le micro-drame de Su dans le film est sa soif, son envie d’amour. Un mouvement, une expression du visage avec désespoir, une émotion silencieuse, tous ces détails rendent la couleur du film très intense […]
Extrait du film :
Pour citer cet article le Quipao au cinéma / Na Li / Perault /CERPCOS 2025


Bibliographie (extrait)
Yu Jun, « les femmes et le Qipao », Maison d’édition des Beaux-arts de Liaoning, 2001.
Li Xiafang, « les techniques traditionnelles et le design moderne du Qipao », Maison d’édition de l’Industrie textile de la Chine, 2000.
Zeng Ping, « un aperçu de l’interprétation de l’amour à l’orientale de nos jours : l’analyse des charmes orientaux du film ‘In the Mood for Love’ et du film ‘Crouching Tiger, Hidden Dragon’ », Journal académique de l’Ecole des nationalités Sud-Ouest, 2001(09).
Duan Weihong, «Une analyse sur le design des Qipaos dans les films ‘In the Mood for Love’ et ‘Lust, Caution’ », Littérature du cinéma, 2008(23).












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