Du mythe à l’écran : La robe et accessoires empoisonnés
- cerpcos
- 15 juil.
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Dernière mise à jour : 16 juil.
Dans le mythe antique, la magicienne Médée qui a aidé Jason à obtenir la toison d’or, condition sine-quanon pour récupérer le trône qui lui a été dérobé. Elle épouse le jeune homme, quitte son territoire et fonde une famille. Il ne récupère pas son trône bien qu’il ait surmonté, grâce à Médée, toutes les épreuves qui lui étaient infligé. Plus tard, Jason est approché par le roi Créon afin qu’il lui succède et l’engage à épouser Créüse sa fille. Médée, considérée comme étrangère est répudiée. La colère de la magicienne sera terrible et dévastatrice. Elle enchante une robe qu’elle offre à la jeune épouse, sa rivale, celle-ci meurt sur le champ.
« Apprenez donc l’effet le plus prodigieux
Que jamais vengeance ait offert à nos yeux.
Votre robe a fait peur, et sur Nise éprouvée,
En dépit des soupçons, sans péril s’est trouvée ;
Et cette épreuve a su si bien les assurer,
Qu’incontinent Créuse a voulu s’en parer ;
Mais cette infortunée à peine l’a vêtue,
Qu’elle sent aussitôt une ardeur qui la tue :
Un feu subtil s’allume, et ses brandons épars
Sur votre don fatal courent de toutes parts ;
Et Cléone et le roi s’y jettent pour l’éteindre ;
Mais (ô nouveau sujet de pleurer et de plaindre ! )
Ce feu saisit le roi ; ce prince en un moment
Se trouve enveloppé du même embrasement. »
(Corneille, Médée, V, 1, 1299-1312 ; Theudas à Médée.)
La vengeance de Médée est progressivement effacée au profit de l’effroyable infanticide qu’elle commet Les contes et légendes populaires continuent pourtant d’alimenter
Une fée séduit un homme marié de façon à lui faire abandonner sa femme. Dévorée par la jalousie, l'épouse délaissée hait la fée de tout son cœur. Celle-ci s'en aperçoit et, suivant le vieil adage qu'on ne persécute personne autant que celui à qui on a fait tort, elle offre à son amant un ruban en lui recommandant de le donner à sa femme en guise de ceinture. La femme accepte le cadeau, mais, soupçonnant quelque sortilège, consulte une vieille commère, qui lui conseille de le nouer autour d'un tronc d'arbre. La bonne femme suit ce salutaire : deux jours après, l'arbre sèche complètement. Ou bien encore une légende bavaroise citée par Alexandre H. Krappe une fée, éprise d'un paysan, lui donne une ceinture comme cadeau pour sa femme (c'est là apparemment le sens du texte peu clair). Soupçonneux, le paysan met la ceinture autour d'un tronc d'arbre : sur-le- champ l'arbre éclate en mille morceaux. Nombreux sont les exemples d’accessoires féminins « tueurs » relevés par les folkloristes avec une prédominance de rubans, ceintures et autres peignes. La réalité historique porte aussi ses légendes, Alors que parfums et poisons sont souvent mêlés à la cour de Catherine de Médicis : en juin 1572, Jeanne d’Albret meurt de façon soudaine ; il est prétendu qu’elle aurait porté des gants parfumés dans lesquels un poison foudroyant était associé au parfum. Elle les aurait acquis auprès de René Bianchi, parfumeur de la reine. Une légende obscure va accompagner la reine et va perdurer. AU XVIIe siècle, Agrippa d’Aubigné quelques vers dans Les Tragiques, témoigne de sa réputation.

Pierre-Charles Comte (XIXe) « Jeanne d’Albret, accompagnée de son fils Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, vient acheter chez René, parfumeur de Catherine de Médicis, les gants qui l’ont empoisonnée »
Dans la version originelle des Frères Grimm de Blanche Neige, c’est un peigne empoisonné qui manque de tuer la jeune fille alors qu’elle s’en pare.
Au cinéma, on retrouve la légende de la robe empoisonnée dans le film Élizabeth de Shekhar Kapur en 1998 dont le rôle principal est tenu par l’actrice australienne Cate Blanchett ( elle a obtenu un BAFTA et un Golden Globe pour ce rôle). Alors que la reine doit faire face à des menaces externes et internes, sa suivante qui a pris une des robes qu’elle vient de recevoir comme présent afin de donner l’illusion à l’amant répudié Robert Dudley qu’il a une dernière union charnelle avec elle. La jeune femme meurt dans d’atroces souffrances dignes de l’action d’une Médée.
Pour citer cet article Robe empoisonnée/ croyances populaires/ Sylvie Perault/ cerpcos 2025













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